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L’hydrogène, carburant vert des avions de demain ?

Par Rédacteur
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    Des avions commerciaux décarbonés en 2035... C’est le pari un peu fou que se lance Airbus, conscient du virage vert que le secteur doit plus que jamais prendre en dépit du défi technologique que le projet représente. Le 21 septembre dernier, son patron M. Faury a donné plus de détails concernant ce « moment historique pour l’aviation commerciale » qui devrait mobiliser plusieurs dizaines de milliards d’euros.  

    Le moment ou jamais !

    Paradoxalement, le contexte est propice à ce type d’innovation très coûteuse. En 2019, le transport aérien subissait déjà le phénomène du « flygskam » ou « flight shaming »  initié en Suède. A cette attaque virulente est venue se greffer la pandémie de Covid-19. Un obstacle sanitaire inédit qui a plongé le secteur dans une crise sans précédent.

    Ce n’est donc pas un hasard si l’annonce d’Airbus succède de près à celle du plan de sauvetage de l’industrie aéronautique. En juin dernier, il engageait les entreprises du secteur à prendre le virage de la transition écologique. Un budget de 15 milliards est alloué à cet objectif de verdissement des flottes aériennes… L’opportunité pour l’avionneur français de se lancer à point nommé dans cette course à l’avion décarboné.

    ZEROe : un projet, trois possibilités

    Airbus planche sur trois hypothèses pour mener à bien son projet d’avion à hydrogène.

    Le plus « classique » est voué à du moyen-courrier. Il aura une capacité d’accueil de passagers comparable à celle de l’A220 et de l’A320, soit entre 120 et 200 passagers. Sa turbine à gaz et une pile à combustible destinée à « apporter un surcroît de puissance aux moteurs quand c’est nécessaire », fonctionneront à l’hydrogène liquide.

    Le second modèle consistera en un avion à hélices pouvant accueillir 100 passagers pour des vols avoisinant les 1800 kilomètres. Le directeur de l’ingénierie du groupe Airbus, Jean-Brice Dumont, le compare aux avions régionaux qui fonctionnent actuellement au kérosène.

    Enfin, l’OVNI du trio est l’aile volante de 200 sièges... Son large fuselage devrait à la fois optimiser le stockage et la distribution de l’hydrogène. Il sera aussi bénéfique au confort des voyageurs.

    Le positionnement stratégique d’Airbus

    Comme l’a précisé le patron d’Airbus, le groupe souhaite « jouer un rôle de premier plan dans la transition la plus importante que notre industrie ait jamais connue ».

    Avec cette annonce ambitieuse, Airbus entend en premier lieu suivre le pas de l’Allemagne, pionnière européen qui consacre un montant de 9 milliards d’euros au verdissement de sa flotte aérienne. Le récent plan de relance français prévoit quant à lui 7 milliards de soutien à la filière hydrogène en dix ans.

    Enfin, le projet « avion zéro émission en 2035 » tel que dévoilé par Guillaume Faury permet à Airbus de mettre du plomb dans l’aile à Boeing, son concurrent américain.

    Un défi technologique, industriel, politique… et logistique !

    Le défi technologique peut se résumer dans la capacité de l’engin à stocker l’hydrogène, quatre fois plus dense que le kérosène, même une fois liquéfié, cryogénisé à -250° et comprimé. Impossible donc de l'entreposer dans les ailes comme c’est le cas actuellement, mais dans un réceptacle spécial auquel il conviendra de trouver une place au sein même de l’appareil.

    Airbus consacrera donc les cinq prochaines années au choix de la technologie et du modèle les plus adaptés. Il y travaille déjà avec le consortium formé avec Safran, Arianespace et l’Onera (Office national d’études et de recherches aérospatiales).

    Il faudra par ailleurs trouver des solutions de production d’hydrogène à base d’énergies renouvelables. Et ce, à un prix compétitif. Suivra ensuite la course aux partenaires industriels qui permettront à Airbus de mener à bien son projet. Le chantier est vaste pour parvenir à réaliser cette rupture… dans les temps ! D’autant qu’une fois réalisé, l’avion à hydrogène devra être autorisé et encadré par une législation adaptée. Côté logistique, l’avion décarboné à hydrogène obligera aussi les aéroports à adapter leurs infrastructures de transport. Tout comme leurs zones de ravitaillement.

    Tout juste dévoilé, ce projet d’avion révolutionnaire fait déjà beaucoup parler ! La compagnie Easy Jet s’est en effet positionnée pour acquérir le modèle final dès sa commercialisation en 2035. Du côté de Boeing, on surenchérit aussitôt en évoquant un avion zéro émission ET silencieux ! ZEROe est d’ores-et-déjà un avion… à réactions !

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